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VENTE AUX ENCHERES : RESULTATS !
Vente du DIMANCHE 15 JUIN 2014 à FONTAINEBLEAU

VIRGILE – Bucolica, Georgica et Aeneis – Didot, Paris 1798 ©
Nous vous présentions, lors d’un précédent article daté du 11 juin dernier, le très beau VIRGILE. Bucolica, Georgica et Aeneis. Paris, Didot, 1798 mis en vente par l’étude de Maître Jean-Pierre OSENAT (en savoir plus…).
Estimé entre 3 800€ et 4 200€, cet imposant ouvrage qui faisait jadis partie de la bibliothèque du tragédien Mounet-Sully, s’est vu adjugé par une belle enchère de 4 800€ portée par la Bibliothèque Paul-Marmottan de Boulogne-Billancourt.
L’histoire, déjà belle, aurait pu s’arrêter là si Gabrielle de Roincé, Conservateur de la Bibliothèque Paul-Marmottan et responsable de cette acquisition, n’avait pas réservé à notre rédaction une révélation de tout premier ordre : « Virgile ne sera pas le seul ouvrage ayant appartenu à Mounet-Sully dans nos collections, la bibliothèque possède déjà son Horace de 1799 ! »

VIRGILIUS & HORATIUS – Didot, Paris 1798 & 1799 (Ex-Libris Mounet-Sully) – Bibl. Paul-Marmottan ©
IL Y A PRES DE 130 ANS, L’AVENTURE COMMENÇAIT AVEC HORACE
Si Paul Marmottan (1856-1932) a très certainement connu, sinon côtoyé, Mounet-Sully, ce n’est pas leur contemporanéité qui les rapproche aujourd’hui dans cet article, mais une aventure de l’histoire des collections, dont il reste encore bien des mystères à lever.
C’est en effet en 1920 que Paul Marmottan, par quel biais, on ne le sait, achète une édition exceptionnelle : un recueil des œuvres d’Horace, poète latin (65-8 av. J-C), publié en 1799 par Pierre Didot. Cette acquisition répond à sa passion pour la période impériale, qu’il a développée depuis les années 1880. Promoteur du renouveau du goût pour le style Empire en France, Paul Marmottan devient en même temps chercheur, historien et collectionneur. Dès 1900, il installe une partie de sa collection, et en particulier son bureau et sa bibliothèque dans sa résidence secondaire de Boulogne-Billancourt, ouvrant ainsi aux visiteurs et aux chercheurs sa remarquable documentation.
L’Horace est un livre exceptionnel à bien des égards. Son éditeur, Pierre Didot, dit Didot l’ainé, est un membre de la troisième génération de cette famille d’imprimeurs français. Il obtient du gouvernement d’installer ses presses au Louvre, « in aedibus palatinis », où il lance cette collection magnifique, financée par souscriptions, qu’on appellera les « Didot du Louvre ». Il présente le Virgile en 1798 à l’exposition des produits de l’industrie et obtient une des douze médailles d’or. Il publie l’Horace en 1799, les œuvres de Racine de 1801 à 1805, puis celles de La Fontaine et enfin de Boileau. D’une typographie exceptionnelle, grâce aux caractères créés par son jeune frère Firmin Didot – la police Didot même, encore utilisée de nos jours – , ces ouvrages sont ornés par des illustrateurs contemporains renommés : l’Horace comprend ainsi douze bandeaux gravés par Charles Percier. Ils sont reliés luxueusement, dans la plus parfaite mode empire : un maroquin rouge, bordé d’une bande de palmettes et d’ornementations typiquement néoclassique.
L’Horace interpelle Marmottan par sa particularité exceptionnelle : au centre de cette ornementation empire figurent les armes de Louis XVIII. Après l’avoir fait passer dans les mains de son restaurateur, le collectionneur comprend que ces armes ont en fait été rapportées sur les armes de Napoléon 1er.
DE MOUNET-SULLY EN 1883 A EDMOND GOT EN 1886
Cet ouvrage ne serait qu’un formidable exemple de la qualité artistique d’un livre s’il ne comprenait un autre intérêt, celui d’être orné de trois ex-libris : Mounier d’abord, puis Mounet-Sully et Edmond Got. Le livre a donc fait partie de la bibliothèque du comédien, qui l’offre (?) en 1886 à Edmond Got alors doyen de la Comédie-Française.

HORACE – Didot, Paris 1799 (Ex-Libris Mounet-Sully et Edmond Got) – Bibl. Paul-Marmottan ©
C’est donc plus qu’une acquisition habituelle qu’a fait la Bibliothèque Paul Marmottan en acquérant le Virgile, à la vente du 14 juin (cf description de l’article). Certes, elle répond à sa vocation de centre de recherche sur l’Empire, tributaire des dernières volontés de Marmottan, qui la lègue en 1932 à l’académie des Beaux Arts. Certes elle complète avec pertinence la collection de notre historien. Mais c’est surtout une œuvre presque émouvante puisqu’elle rassemble, 130 après, dans la même collection, deux ouvrages ayant appartenu à Mounet-Sully.
Gabrielle de Roincé
Pour voir ces deux ouvrages réunis, comprendre leur façon et découvrir la bibliothèque, n’hésitez pas à vous rendre à la visite qui leur est consacrée, le jeudi 2 octobre 2014 de 12h30 à 13h15.
BIBLIOTHEQUE PAUL-MARMOTTAN
7, place Denfert-Rochereau
92 100 Boulogne Billancourt
Tél : 01 55 18 57 61
Accès :
Métro : ligne 10 (Boulogne Jean-Jaurès)
Bus : ligne 52 (Denfert-Rchereau)
SUBB boucle Nord (Place Denfert-Rochereau)