Le 10 février 1922 à 10 heures, il y a 100 ans aujourd’hui, s’éteignait le grand acteur Paul Mounet né à Bergerac le 5 octobre 1847. Seul son prénom, Paul, à l’image des rois, suffisait pour le nommer.
Paul Mounet dans le rôle de Macbeth (Nadar)
Il y a 100 ans, s’en est allé celui qui n’eut pour seul rival que son frère Mounet-Sully, selon le mot du redouté critique Auguste Vitu.
Dans le silence de sa mémoire, nous qui l’aimons, nous qui l’avons tant aimé, nous crions son nom… Paul Mounet !
Le Roi est mort ! Le Roi est mort, vive la roi ! Vive le bon roi Paul Mounet !
Sous la direction de Rémy Campos, Alain Carou, Aurélien Poidevin
Au début XXe siècle, le cinéma naissant entretient des rapports étroits avec le spectacle vivant. Les procédés du théâtre, de l’opéra, de la féerie, du ballet ou du café-concert sont alors employés dans les théâtres de prise de vue, ancêtres des plateaux de tournage. Les artistes et techniciens qui construisent les décors, fabriquent les costumes ou réalisent les trucages cinématographiques œuvrent aussi dans les salles de spectacle à Paris et en province. Les metteurs en scène de cinéma ont souvent été régisseurs de théâtres. Devant la caméra, les acteurs reprennent les mêmes gestes expressifs que sous les feux de la rampe. Des histoires identiques sont racontées sur les scènes ou à l’écran. À chaque instant, le cinéma des premiers temps puise dans des traditions scéniques anciennes des ressources nouvelles.
De la scène à la pellicule documente et interroge la théâtralité du cinéma en France, notamment à partir de productions du Film d’Art, réalisées entre 1908 et 1912. L’ouvrage contient une centaine d’illustrations, de nombreuses sources inédites et deux DVD. Pour trois des 20 films restaurés, l’accompagnement musical originel a été réinterprété, enregistré et synchronisé, permettant pour la première fois de retrouver les conditions de projection d’origine. La musique de L’Assassinat du duc de Guise (Camille Saint-Saëns) est jouée par l’orchestre de la Haute école de musique de Genève dirigé par Laurent Gay, celles de L’Empreinte ou La Main rouge (Fernand Le Borne) et du Retour d’Ulysse (Georges Hüe) sont interprétées au piano par Anne Le Bozec.
Avec les contributions d’Iris Berbain, Rémy Campos, Alain Carou, Quentin Gailhac, Agnès Hospitalier, Priska Morrissey, Aurélien Poidevin, Valentine Robert, Frédérick Sully, Stéphane Tralongo et des entretiens avec Béatrice de Pastre, Anne Le Bozec, Laurent Gay et Didier Henry.
2 DVD (pour une durée totale de 4 h 22 m) : L’Assassinat du duc de Guise – L’Empreinte ou La Main rouge – Le Retour d’Ulysse – La Main – Un duel sous Richelieu – L’Enfant prodigue – Mireille – La Tour de Nesle – La Grande Bretèche – Une conquête – Moines et guerriers. Épisode du siège de Saragosse (1808) – Le Luthier de Crémone – Macbeth – Carmen – Lucien Fugère dans Don Juan – Jeanne Hatto dans Iphigénie en Tauride – Émile Cossira dans Roméo et Juliette – La Rançon du bonheur – Manon Lescaut – Œdipe roi.
Il y a quelques semaines à peine, le 6 septembre dernier, disparaissait Jean-Paul Belmondo.Acteur populaire, très aimé des français, il n’a jamais cessé de clamer son amour du métier et son bonheur d’être acteur. Nous avons donc tenu à nous associer aux nombreux hommages qui lui ont été rendus en publiant des extraits d’une interview publiée en 1964 dans Le Nouvel Observateur. Cette interview réalisée par Michel Cournot était pieusement conservée dans les archives personnelles de la comédienne Jeanne Sully.
François et Frédérick Sully
LE NOUVEL OBSERVATEUR n° 5 – 1964
INTERVIEW JEAN-PAUL BELMONDO par Michel Cournot
LES MARTIENS NOUS AURONT
« On cause, la crise, on gamberge, tu sais ce qu’il faut ? Priorité – Une école ! Commencer par le commencement !
Moi j’en vois de plus en plus des types qui ont envie d’apprendre le cinéma. Ils n’ont rien nulle part. Ils essayent de jouer comme ça : ils se ramassent. Foutus pour le métier, et des types bien ! Ceux qui marchent sans avoir appris, c’est des cas…
… Jouer la comédie, ça s’apprend. C’est pas tellement difficile, mais ça s’apprend…
… Où veux-tu apprendre ici ? Tu n’as rien ! Tu as le conservatoire ? Le conservatoire, c’est usé ! C’est un truc de préhistoire, on y fabriquait des mecs pour jouer Athalie devant des bonnes femmes en robe du soir, ça suffit plus ! Maintenant tu joues la comédie en cinémascope, à la télévision, on travaille plus pour les marquises ! Le travail d’acteur a complètement changé. C’est pas au conservatoire que tu vas apprendre !
Au conservatoire, qu’est-ce qu’ils t’apprennent ? Ils t’apprennent ton texte, ils t’apprennent à le balancer aux sourdingues du troisième balcon ! C’est tout. Ils t’apprennent surtout pas à parler naturellement, ils t’apprennent à gueuler comme à la Comédie-Française. Viens causer comme ça aux studios de Billancourt, tu es viré en moins de deux !
Non, les types qui sortent du conservatoire, ils peuvent travailler au Français, tu es bon pour les tournées de province, tu n’es pas bon pour autre chose ! Ils te bouclent trois ans, ils font de toi un infirme ! Un type inutilisable ! C’est un peu moche !
Je te demande pas l’Actor’s Studio, tu m’as compris ! L’Actor’s Studio c’est pour les drogués de Chicago, les pédés de Central Park, les philosophes chômeurs, les émigrés neurasthéniques, les mecs à problèmes. L’Actor’s Studio, c’est épatant pour l’Amérique, mais pas pour nous. Pas encore.
… Former des acteurs, c’est prendre des mecs qui en veulent, et leur apprendre la boxe, la cuisine, l’escrime, la boucherie, la machine-outil, c’est leur faire avoir le permis poids lourd, leur permis pilote, c’est leur apprendre à cirer les chaussures et à découper le jambon, à faire marcher un bulldozer et à couper les pages d’un livre, à plonger à quinze mètres et à causer anglais. C’est leur apprendre tout, parce que maintenant on leur demande tout, on leur demande plus seulement d’ânonner Marivaux.
…Une école d’acteurs, on y apprend tout ! Et puis on passe à la pratique, entre les cours. Allez hop ! Sur les planches, les vraies, deux, trois fois par mois, pour savoir ce que c’est ! Sans ça, comment veux-tu apprendre ?
Au Conservatoire ils sont dingues, tu sais ce qu’ils font ? Ils jouent les uns devant les autres ! Ils ont leur public de copains, ils finissent par croire que c’est arrivé ! Ils font n’importe quelle connerie, les copains sont pliés en deux ! Qu’ils aillent faire ça au Gymnase, à l’Edouard VII, ils verront le bide ! Au Conservatoire ils jouent pendant trois ans devant un faux public qui rigole de confiance ! Et quand ils débarquent au théâtre ou dans un studio de cinéma, ils sont complètement paumés !
… Le vrai public tous les quinze jours, voilà ce qu’on se taperait dans une vraie école ! Et tous les soirs au spectacle ! Le boulevard ou le cinéma, tous les soirs !
…Au Conservatoire, on les laisse pas sortir ! …Non, ils ont droit au Français, un point c’est tout, ils ont droit aux grandes bécasses qui naviguent sur la pointe des pieds en larguant Théramène comme un air d’opéra ! C’est chouette pour apprendre le métier ! Quand le cinéma leur demandera d’interpréter un charcutier qui relève son volet de fer, ils auront bonne mine !
Moi, quand on me parle de crise, je dis : si vous voulez avoir du monde, apprenez-nous notre métier ! Faites des écoles de cinéma ! En France on apprend rien ! On a deux cents ans de retard ! On prend des jeunes qui y croient, qui ont le feu, qui ont des dons, et on en fait des bons à rien ! J’appelle ça un crime !
…On se fera bouffer par les martiens parce qu’ils auront des écoles. Nous on n’a pas d’école. C’est un crime. »
En association avec 25 partenaires parmi les archives européennes, les Archives françaises du film du CNC collaborent au projet européen EFG1914 (project.efg1914.eu/), qui vise à numériser et à rendre accessible un grand nombre de ressources cinématographiques liées à la Première Guerre mondiale.
650 heures de films datant de la Grande Guerre ou portant sur ce sujet ont ainsi été mises en ligne sur le portail EFG http://www.europeanfilmgateway.eu/et à travers la librairie numérique européenne Europeana (http://www.europeana.eu/).
Les Archives françaises du film du CNC ont ainsi proposé de présenter dans ce dispositif près de 150 titres, reflétant leurs collections et celles de leurs partenaires :
Soeurs d’armes(pour voir le film en intégralité, cliquez sur l’image ci-dessous)
Soeurs d’armes, film de Léon Poirier (1937) avec Jeanne Sully et Josette Day
Noël à Orange – Programme Septembre à Décembre 2016
Témoignage et lecture de M. Frédérick Sully et visite théâtralisée par la classe adulte du conservatoire d’Orange, dirigée par Jérôme Bru.
A travers la voix de son arrière-petit-fils Frédérick Sully, revit la gloire de cet acteur phare de la Comédie-Française de la fin du XIXe siècle, amant et partenaire de Sarah Bernhardt : Mounet-Sully. Cet homme talentueux fit résonner la scène du théâtre antique de sa voix prégnante.
Suite au succès rentré la saison dernière, Jérôme Bru vous proposera également une nouvelle visite théâtralisée avec sa classe adulte du Conservatoire d’Orange (Cf. Article : Vaucluse matin du 27/03/2016).
MARDI 29 NOVEMBRE – 20h MUSÉE D’ORANGE – Gratuit
MERCREDI 30 NOVEMBRE – 15H et 17H MEDIATHÈQUE – Gratuit
L’AVENIR DU PASSE N°12 Histoire, Patrimoine et Mémoire en Bergeracois (Premier semestre 2016)
Numéro spécial proposé par Jean-Philippe Brial et Bernard Clergeot
Nous exprimons notre très vive reconnaissance à Frédérick Sully, arrière-petit-fils de Mounet-Sully et à Nicolas Bourdet, arrière-petit-fils de Samuel Pozzi, pour leur aide précieuse et leur bienveillante complicité.
EDITO
De même vieille race
Cette année 2016 nous offre l’occasion d’honorer, au travers de la commémoration du centième anniversaire de sa mort (1er mars 2016), notre compatriote Mounet-Sully. L’Avenir du Passé tient naturellement à participer à cet hommage.
Pour autant, nous avons souhaité associer au nom de Mounet-Sully, celui de Samuel Pozzi, tant leurs parcours présentent des similitudes : nés tous les deux à Bergerac à cinq années d’intervalle, issus l’un et l’autre du très influent milieu protestant, ils ont connu ensemble à Paris la réussite professionnelle et la célébrité.
Mounet, incomparable doyen de la Comédie-Française, brilla dans les grands rôles du répertoire classique et moderne. Quant à Pozzi, esprit curieux et habile chirurgien, il est considéré aujourd’hui comme le père de la gynécologie moderne.
Unis par une profonde amitié, les deux hommes ont eu la chance de vivre les riches heures de la Belle Epoque, cette longue période de paix de quatre décennies entre deux guerres, à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, caractérisée par l’expansion, l’insouciance et la foi dans le progrès lié aux extraordinaires techniques. Ils ont fréquenté les très riches milieux artistiques et littéraires et côtoyé les plus grands noms de leur époque : Victor Hugo, les Proust, Edmond Rostand… et la grande Sarah Bernhardt pour laquelle ils éprouvèrent plus que de l’amitié.
Restés résolument attachés à leur ville natale, ils ne cessèrent de s’investir dans leurs propriétés bergeracoises respectives, La Graulet à l’est, Garrigues à l’ouest, et participer à la vie locale.
Et pourtant, bien que la commune ait donné leur nom à une rue du centre ville pour l’un, à l’hôpital pour l’autre, les fortes personnalités de Mounet-Sully et de Samuel Pozzi semblent étrangement absentes aujourd’hui de notre mémoire collective, raison pour laquelle nous consacrons ce « focus », certes plus volumineux que d’habitude, mais nous pensons qu’il était temps de redonner à ces illustres compatriotes, la place qu’ils méritent : la première.
Jean-Philippe Brial
L’avenir du passé est édité par les Éditions du Grand Salvette pour le compte des Amis de la Dordogne et du Vieux Bergerac (ADVB)
8, rue des Récollets
24100 Bergerac
Tél : 05 53 57 24 25
SOMMAIRE
Page 4 – Commémoration nationale : pourquoi, pour qui ?
Page 6 – Par la foi !
Première partie :
Page 10 – Les destins croisés de deux Bergeracois célèbres, Mounet-Sully et Samuel Pozzi
Page 12 – De Bergerac à Paris
Page 16 – Deux natures d’élite
Page 20 – Chassé-croisé amoureux avec Sarah Bernhardt
Page 26 – Monstres sacrés
Page 36 – Un profond attachement à leur ville natale
Page 44 – Avec les honneurs
Deuxième partie :
Page 48 – Autour de Mounet-Sully
Page 50 – Mounet-Sully et la Comédie-Française
Page 52 – L’engagement
Page 56 – Les fureurs d’Oreste
Page 58 – OEdipe-roi, la consécration
Page 62 – Le Trombinoscope
Page 64 – Mounet-Sully en famille
Page 66 – Paul Mounet, le frère méconnu
Page 72 – Les deux Jeanne
Page 74 – Bergerac rend hommage aux frères Mounet
Directeur de la publication Françoise Chazeau-Paris
Rédacteur en chef Jean-Philippe Brial
Conseiller éditorial Yan Laborie
Maquette, mise en page Éditions du Grand Salvette
Régie publicitaire Marie-Thérèse Arnaud Gisèle Delbasty
Impression : Copy-Media
ISSN : 21 1 4-9933
Couverture : création Dominique Martin
Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs
JOURNEES EUROPEENNES DU PATRIMOINE 2016 – BERGERAC
Exposition : « Mounet-Sully, Monstre sacré et enfant de Bergerac »
Presbytère Saint Jacques du 12 au 18 septembre 2016
Commissaire d’exposition : Frédérick Sully
BRUNO FORMENT – ‘ INVOCATION DE MOUNET-SULLY ‘ (Soundscape) en diffusion permanente sur le lieu d’exposition
Composition électro-acoustique avec les voix de Julia Bartet et de Mounet-Sully, composée en 2013 à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine de Courtrai en Belgique.
Cette création inédite tente de ressusciter les traditions perdues de la scène tragique française et les illusions d’avant-guerre.
‘Invocation de Mounet-Sully’ (Jean Mounet-Sully (1841-1916), steracteur van de Belle Epoque), vormt een elektroakoestische compositie over verloren toneeltradities en vooroorlogse illusies, met Mounet-Sully’s stem op het voorplan.
A l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, le service Culture de la Ville de Bergerac a le plaisir de proposer un programme mettant en valeur le grand acteur Jean-Sully Mounet, dit MOUNET-SULLY.
Exposition, conférences, discussions, visites autour de la vie de l’acteur.
Honneur à un artiste hors du commun, qui concevait le théâtre comme un sacerdoce et la représentation théâtrale comme une véritable cérémonie. Nous lui devons, en particulier, d’avoir redoré le théâtre antique d’Orange.
Bergeracois de naissance, il se fait remarquer par une personnalité hors normes. Il laisse sur Bergerac de nombreuses empreintes, tel que le château de Garrigues, une demeure à son image.
AU PRESBYTERE SAINT-JACQUES
Du lundi 12 au dimanche 18 septembre 2016 – de 14 h à 19 h
Exposition-Hommage à Mounet-Sully « Monstre sacré et enfant de Bergerac » Entrée libre Dans le cadre de cette exposition, visites guidées pour les scolaires sur demande (tél 06.73.37.89.00).
Samedi 17 septembre
Pour tous : entrée libre, sous réserve des places disponibles
15 h : Présentation par Françoise Chazeau-Paris (Présidente de l’Association des Amis de La Dordogne et du Vieux Bergerac) du dernier numéro de leur magazine l’Avenir du Passé consacré à l’illustre acteur bergeracois Mounet-Sully et à Samuel Pozzi.
15 h 15 à 16 h 30 – Conférence Mounet-Sully « Monstre sacré » par Bernard Clergeot.
16 h 45 à 17 h 30 – Discussion ouverte avec Frédérick Sully (arrière-petit-fils de Mounet-Sully).
17 h 30 à 18 h 30 – Conférence « Le château de Mounet-Sully : l’architecture mise en scène » de Caroline Mazel, diplômée en architecture (Directrice de Médiarchi).
AU CHATEAU DE GARRIGUES (ancienne propriété de Mounet-Sully)
Dimanche 18 septembre – 14 h et 16 h
Visites guidées par l’actuel propriétaire, Laurent Peslerbe. Durée 45 minutes – Sur réservation uniquement : 06.73.37.89.00.
Remerciements pour la réalisation du programme…
Pour la conception de l’exposition, Frédérick Sully.
Pour les prêts, Clarionde et Frédérick Sully, Nicolas Bourdet, A.Kerbage, Sophy Adam, Bruno Forment, La Maison Victor Hugo, Collection Musées de Bergerac.
Pour la mise à disposition du Centre Saint-Jacques de Bergerac, L’Equipe des Prêtres et la Communauté Paroissiale.
Les Associations des Amis de la Dordogne et du Vieux Bergerac et La Mémoire de l’Art.
Le Magazine L’Avenir du Passé.
Pour les visites du château de Garrigues, Laurent Peslerbe.