Étiquettes
Actualité, Anne Penesco, Bergerac, Centenaire de Mounet-Sully, Corneille, Georges Enesco, Hugo, Isadora Duncan, Jacques Copeau, Jean Cocteau, Jean-Baptiste Poncet, Louis Jouvet, Marcel Proust, Mounet-Sully, Orange, Oreste, Paul Mounet, Racine, Shakespeare, Sophocle, Stéphane Mallarmé, Théâtre Antique
ANNIVERSAIRE
Le 1er mars dernier marquait le 99e anniversaire de la disparition de Mounet-Sully. A tout juste un an de la célébration du « Centenaire de Mounet-Sully » (1916-2016), il nous a semblé opportun et légitime de donner la parole à celle qui, depuis une quinzaine d’années, a consacré une grande partie de ses recherches sur la vie et la carrière du grand tragédien et de son frère Paul.
C’est avec une grande simplicité et une admiration touchante et passionnée qu’Anne Penesco, auteur des seules biographies dédiées à la mémoire des frères Mounet, a accepté de nous confier les raisons pour lesquelles elle a souhaité publier deux ouvrages sur Mounet-Sully puis un autre sur Paul Mounet.
Actualité oblige, c’est de Mounet-Sully dont Anne Penseco a décidé de nous parler aujourd’hui.

MOUNET-SULLY et PAUL MOUNET – Les 2 Orestes (Cliché Bert)
RENCONTRE – INTERVIEW
Avoir à coeur de réparer une injustice
J’ai voulu savoir qui était réellement ce véritable monstre sacré de son temps auquel les études plus ou moins récentes sur le théâtre ne consacrent paradoxalement que quelques lignes, toujours sensiblement les mêmes, le présentant de façon réductrice comme un acteur « tonitruant », très fin-de-siècle. Comment expliquer alors les nombreux et fervents témoignages des plus grandes personnalités du monde artistique, appartenant à ces générations qui l’ont vu jouer ? Stéphane Mallarmé, Marcel Proust, Jacques Copeau, Louis Jouvet, Jean Cocteau, parmi tant d’autres, ont salué en lui l’immense comédien et le novateur audacieux. La presse de l’époque est toute bruissante, pendant un demi-siècle et même bien plus tard, des échos de ses interprétations, gravées à jamais dans les mémoires.
Une voix de bronze et d’airain, d’or et de velours associée à une plastique superbe et à des gestes magnifiques
À la recherche d’enregistrements, je découvre, captées par de vieilles cires, deux tirades éloquentes, dites avec une rare qualité de timbre et une infinie richesse d’expression : une voix où se reflète l’être tout entier. Des photos et images filmées me montrent la noblesse de ses traits, la beauté de sa plastique et de sa gestuelle, si appréciées des peintres et évoquées notamment par la grande danseuse Isadora Duncan. D’un océan de documents – périodiques, souvenirs et journaux intimes, correspondances, pages musicales, iconographie, sans oublier les abondantes notes de travail qu’il a laissées – émerge peu à peu une magnifique figure d’acteur – également metteur en scène, dessinateur, peintre, sculpteur, écrivain et musicien à ses heures -, non moins attachant par sa personnalité humaine. Je relis les pièces de son répertoire – Sophocle, Shakespeare, Corneille, Racine, Hugo – et approfondis avec lui la psychologie des personnages qu’il a incarnés, fruit de longues recherches culminant en de fulgurantes intuitions. Tourmenté par la poursuite d’un idéal qu’il craint de ne pouvoir atteindre et né dans une famille de souche huguenote, il situe la représentation théâtrale dans le prolongement de ses origines sacrées. Constamment soucieux d’offrir le meilleur de lui-même aux auteurs qu’il sert, fidèle jusqu’à la fin à la Maison de Molière, il va également à la rencontre des spectateurs partout où il le peut : en Europe, en Russie, en Amérique, mais aussi dans les salles parisiennes des quartiers populaires, dans des villes de province modestes ou prestigieuses comme Orange avec son Théâtre Antique qu’il aime tant ; et bien sûr, Bergerac et ses environs où plongent ses racines et où il vient régulièrement se ressourcer.
Comment ne pas souhaiter partager mon admiration, ma gratitude à l’égard d’un artiste d’une telle dimension, habité par la passion du théâtre, passion qui, chez cet humaniste, va nécessairement de pair avec l’amour des autres, en un généreux don de soi ?
Anne Penesco (Mars 2015)
Commandez les ouvrages publiés par Anne Penesco :
« MOUNET-SULLY ET LA PARTITION INTERIEURE » Presses universitaires de Lyon, coll. « Cahiers du Centre de recherches musicologiques », Lyon 2000 – 152 pages / 15,5 x 24 cm / 15, 24 €
« MOUNET-SULLY : L’HOMME AU CENT COEURS D’HOMMES » Editions du Cerf, coll. « Histoire », Paris 2005 – 622 pages / 235 x 145 cm / 67 €
« PAUL MOUNET : LE TRAGEDIEN QUI PARLAIT AUX ETOILES » Editions du Cerf, coll. « Biographie », Paris 2009 – 512 pages / 235 x 145 cm / 53 €
Mais également :
« GEORGES ENESCO ET L’ÂME ROUMAINE » Presses universitaires de Lyon, coll. « Cahiers du Centre de recherches musicologiques », Lyon 1999 – 94 pages / 15,5 x 24 cm / 13,72 €
« PROUST ET LE VIOLON INTERIEUR » Editions du Cerf, coll. « Littérature », Paris 2011 – 190 pages / 215 x 135 cm / 18 €